Obama félicite le général Omar el-Béchir

Publié le par SOUDANENLIGNE


Le président américain Barack Obama a félicité ce mardi 20 avril 2010 son homologue Omar el-Béchir, lui exprimant dans un message sa “satisfaction” pour sa victoire aux élections soudanaises du 11 au 15 avril. Le dictateur-général el-Béchir a été reconduit à la tête de son pays le lundi 19 avril avec 68,24% des voix, à l’issue d’élections au moins aussi truquées que celles d’Iran.



jssnews.com - Obama félicite le général Omar el-Béchir -pour ses massacres?
Sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), émis l’an dernier contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité sur plus de 300.000 personnes dans la région du Darfour, le général el-Béchir voulait pourtant se refaire une légitimité à travers ces élections et faire un pied-de-nez à la communauté internationale. Son conseiller Nafie Ali Nafie l’a du reste indiqué la semaine dernière : “L’élection du président Béchir prouvera que les allégations contre lui sont infondées”.

Le moins que l’on puisse dire est que ce dictateur a raté le coche, lui qui a joué seul son tambour, chanté sans d’autres voix, dansé seul avec sa canne pour, finalement, s’admirer lui-même, sans spectateur. Comme le dit un adage de chez nous, si un vieux plume seul un coq en chantant, ce n’est pas qu’il soit content mais qu’il rumine son amertume. Rien d’étonnant donc s’il n’y a pas eu de concert de félicitations à l’image de celui qui accompagnent toujours l’élection ou la réélection d’un président.

En Occident, seule l’Administration de Barack Hussein Obama a félicité la victoire du tyran el-Béchir, reconduit au pouvoir. Dans un message transmis par l’envoyé spécial de la Maison Blanche pour le Soudan, le président américain aurait exprimé selon la chaîne Aljazzira son ” satisfaction ” pour cette victoire.

L’émissaire américain pour le Soudan, Scott Gration, a estimé d’ailleurs le 3 avril dernier que les élections soudanaises prévues seraient “aussi libres et justes que possible”. Par cet Obama n’a pas seulement montré qu’il était un ami des dictatures arabes, mais il a aussi montré son mépris pour les 300 000 morts et 2 millions de déplacés du génocide du Darfour, c’est comme s’il n’existait pas. Le tyran arabe qui a fait régner la terreur arabo-intégriste sur la Soudan a ajourd’hui un nouveau ami à La Maison Blanche.

Certains commentateurs ont expliqué ce geste amical envers le chef massacreur djihadiste de Khartoum comme une contre -partie de l’acceptation du régime du palan du partage du Sud du Soudan. Le régime doit en effet organiser en janvier 2011 un référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan, conformément à l’accord de paix qui a mis fin en 2005 à 21 ans de guerre civile.

Mais cela ne justifie en aucun cas que Barack H. Obama, ruine tous les espoirs de la justice des Darfouriens et pacifie avec un régime responsable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Khartoum se félicite du « changement tangible » dans le discours américain dans le dossier du Darfour. Hussein Obama qui ne cesse de flatter les dictatures arabes et fait la courbette devant le roi d’Arabie, fait les yeux doux à l’homme fort du Khartoum.

La politique d’Obama au Soudan a été critiquée récemment à l’intérieure même des Etats -Unis. Quelques jours avant les élections au Soudan, la comédienne américaine Mia Farrow s’en est prise vivement à la politique “spectaculairement naïve” de l’administration Obama dans ce pays. “Personne au Soudan ne croit que les élections seront en aucune façon libres et justes“, écrit l’ex-égérie de Woody Allen dans une contribution au Wall Street Journal, le 7 avril 2010.

“L’intimidation, le truquage du vote, la manipulation du recensement et la corruption des chefs tribaux sont galopants“, dénonce Mia Farrow. “La plupart des 2,7 millions de Darfouris déplacés vivent dans des camps de réfugiés. Ils ne peuvent pas, ou ne veulent pas être comptés“, poursuit-elle. L’actrice a rappellé que le président américain Barack H. Obama avait qualifié la situation dans cette province de “génocide”, suscitant l’espoir des Darfouris.

Or “les élections bidon” auront lieu “avec le soutien de M. Gration et des Etats-Unis”, note-t-elle, avant d’appeler la communauté internationale à dénoncer la réélection du président soudanais Omar el-Béchir, inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l’humanité.
Mia Farrow, 64 ans, est ambassadrice de bonne volonté du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Selon le Wall Street Journal, elle s’est rendue 13 fois au Darfour et dans l’est du Tchad depuis 2004.

En lieu et place des approbations et compliments de l’Administration d’Obama, l’enturbanné de Khartoum a eu droit à des piqûres de rappel, dont il se serait volontiers passé. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont rappelé au président élu que “l’impunité des crimes internationaux les plus graves est et demeure inacceptable”.

Human Rights Watch a, pour sa part, dénoncé “la répression politique et les violations des droits de l’homme (qui) ont sapé le caractère libre et équitable du scrutin dans tout le Soudan”, et la conseillère spéciale du procureur de la CPI, Béatrice Le Frapper, a été on ne peut plus claire : “Du côté judiciaire, rien n’est changé, le président Béchir était un fugitif avant les élections, il est toujours un fugitif”.

En attendant, l’inculpé de luxe peut prendre son avion, même s’il ne peut pas prendre n’importe quelle direction, pour s’offrir quelques escapades chez des homologues amis et pourquoi pas chez Hussein Obama.

Ftouh Souhail, Tunis

Publié dans LE PATRIOTE

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